Pouvez vous vous présenter ainsi que vos groupes précedents ?
G: moi c'est Gigi Joli. Je suis jeune. Je joue dans un groupe en stand-by
Les Jolis, nous étions des superstars a l'école. Je joue
aussi dans un groupe de garage appellé Sunsick, Olivier le déteste.
O: Ha oui. ! Je suis Olivier Gasoil, je chante et j'ai joué
dans les Gasolheads, Hatepinks, et les irritones.
R : Rudy, Basse, je fais les enregistrements. J'ai joué
dans Aggravation et dans les Irritones.
M : Miguel Zorlha, je joue de la batterie, et j'ai moi aussi joué
dans Aggravation and Irritones.
Comment
avez vous commencé a faire des groupes ?
O : Quand j'avais 14ans, des mecs plus vieux m'ont donnés une
cassette des Béruriers noirs avec Never mind the bollocks sur
l'autre face. Je l'ai écouté et tous les poils de ma peau
se sont hérissés. J'ai donc balancé toutes mes
cassettes de Kim Wilde, Bryan Adams et A-Ha au vide-ordures. A partir
du moment ou j'ai découvert l'alternatif et les groupes comme
les Rats, les Cadavres, ou les Sheriff, ça a été
le point de non retour. J'ai arrête de jouer au football, je voulais
être Johnny Rotten, être cool avec des creepers et porter
de fines cravates, donc avec des potes on a formé notre premier
groupe, Bleifrei, c'était horrible, mais j'en suis fier. Tout
le monde autour était branché sport, ne pensait qu'à
aller en boite, à fumer des joints... Nous avons écrit
quelques chansons, un peu faibles mais cools comme Occidental Moron
ou Hamburger brain... Nous avons passé tout nos week ends, à
essayer de jouer Anarchy ou Blitzkrieg bop, Sonic reducer, ou This is
not a love song... ça nous a pris deux ans pour sortir du garage
de mon père pour finalement jouer dans un infâme concert
de death-metal qu'un mec du lycée organisait. J’étais
complètement flippé avant de monter sur scène,
j'ai vomi, le batteur a perdu ses baguettes 4 ou 5 fois pendant le set,
et tout le monde s'en foutait. On a même joué God Save
the Queen, en chantant Yes Future à la place de No future à
la fin, en pensant que ça avait du sens. On avait 15 ou 16 ans,
Nasser le bassiste a formé les Hatepinks, 10 ans plus tard avec
moi...
R: Miguel et moi venons des Alpes, On avait des groupes, on essayait
de faire du rock français comme les Dogs, Little Bob Story, Bijou,
Strychnine et tout ce genre de trucs. Nous avions 13 ou 4 ans, et ça
s’appelait les Casses Bonbons. Ouais, pas génial.
G : j'ai vu les Hatepinks en 2004 et j'ai décidé de monter
un groupe, les Jolis, une sorte de pub-rock nerveux, influencé
par la new-wave et le punk. On a fait deux LPs sur Scanner records
Vous
venez de sortir un LP ?
O: Un maxi LP, 6 titres, on a décidé de ne sortir que
des maxis. Pour moi c'est le format parfait, je n'ai jamais été
intéressé par les singles et la plupart des albums punk,
exceptés quelques chefs d’œuvres sont trop longs et
ennuyeux. Donc voilà, le plan est de sortir 6 maxis, contenant
6 chansons chacun, tout les 6 mois. La pochette sera toujours sur le
même principe : du gros scotch et du gaffer sur des pochettes
des Beatles. Le premier sera sur la pochette du White Album, le second
sur Sergent Pepper... cette merde a peut être pas trop de sens,
mais bon, John Lennon, de la haine et du gros scotch, pourquoi pas ?
En même temps, tout le monde s'en branle, hein ? Je suis
toujours preneur pour ce genres petits concepts foireux.
Peux
tu nous parler des paroles de Homo-pogo ?
O : C'est une chanson au premier degré pour les jeunes qui
dansent aux concerts. Living acne and hormonal rage. Dance the pogo
like a rat! Ça n'a rien à voir avec les punks homosexuels
qui dansent le pogo. Qui serait assez con pour écrire une chanson
a propos d'une danse gay ? Quelques crusts un peu stupides dans
un squat en Allemagne m'ont demandé de leur expliquer les paroles,
ils pensaient que c'était peut-être un truc homophobe.
We
are seeling drugs parle de la médiatisation de Marseille en terme
de criminalité. Tu as peur dans ta ville ?
G: Tout ce qu'on voit à la télé est vrai, Marseille
est un mix parfait entre Kaboul et Yongyang. Ne venez jamais ici.
O : les médias cherchent à conforter les gens dans leur
peur et leur ignorance. La peur permet le contrôle. Le gros porc
qui est maire de la ville, c'est lui le problème. On veut plus
de kalashnikov. Cette ville doit mourir. Je ne ressens pas vraiment
de différence entre maintenant et quand j'étais enfant,
vivant du côté pauvre de la ville. Certains endroits craignent,
c'est sûr, mais les médias et les politiciens jouent leurs
rôles en diabolisant une partie de la population. La peur est
utile pour les porcs afin de contrôler les masses. Ils ont créés
cette légende au sujet de Marseille comme étant une ville
du crime et des gangs de la drogue ….
C'est toujours la même schéma : garder le peuple ignorant
et divisé, et maintenant, nous en sommes au point ou les deux
cotés de la ville se regardent mutuellement avec crainte.
Olivier,
tu vivais dans ces shit cans dont tu parles dans une des chansons,
est ce que la situation a changé depuis ?
O: je ne vis plus dans les HLM du quartier nord, c'est le côté
pauvre de la ville en opposition avec le sud. Marseille est très
étrange à cause de çà, il y a une grosses
frontière économique. Le nord est pour les immigrés,
les noirs, les arabes, les gitans, les africains, les chomeurs... et
le côté sud est pour les bourgeois et les classes moyennes.
Ils ont les plages, les parcs publics... ça créé
une sorte de ghetto. Les quartiers nord sont juste là pour servir
de dortoir aux ouvriers. En grossissant le trait, tout le monde y vit
dans des vieux immeubles gris des années 70 entourés de
centres commerciaux et de zones industrielles.
Vous
n'avez pas de Facebook ou de connexions aux réseaux sociaux,
peux tu m'expliquer pourquoi ?
O : la musique que nous essayons de faire, ces disques punks et
ces concerts, c'est la meilleure chose que nous ferons, c'est pas un
boulot, ni une obligation familiale, c'est quelque chose qu'on décide
de faire nous même. Pourquoi le pourrir avec des merdes comme
Facebook ? Peut être qu'on rate quelques connexions avec
des gens en n'utilisant pas ces outils mais on s'en fout. Je déteste
ça, ça ne sert a rien. On a toujours le choix. On a un
site, un bandcamp et aussi longtemps qu'il n'y a pas de pubs dessus
ou que ça n'appartient pas a un gros groupe commercial d'enculés,
pourquoi pas ?
Comment
est la scène punk à Marseille ?
G: je dirais qu'elle est pas mal, des endroits cools comme la Machine
à Coudre, La Salle Gueule ou Le Molotov, des groupes cools comme
Calvitie, Departure Kids, Tommy and The Cougars, Keith Richards Overdose...
O : oui c'est pas mal, surtout en matière de Salles. Les groupes
actuels manquent un peu de haine je dirais, et le sens du DIY n'est
pas quelque chose dont ils aient grand chose a foutre. Pas mal de mes
potes sont du genre 'hey je suis un rocker, je fais du rock, j'ai un
blouson de cuir, je sniffe de la coke, yeah'. Non ! Ce n'est pas
ça, il faut de la discipline, booker ses propres concerts, aider
les groupes avec leurs designs, ou les enregistrer … On a une
chanson la dessus qui s'appelle Ton cuir noir de merde.
Olivier,
tu fais partie des débuts de la scène marseillaise, avec
Bleifrei, Gasolheads ou Lollipop records. As tu l'impression, avec d'autres
gens, d'avoir créé une scène locale ?
O : Non, ça a juste duré 3 ou 4 ans, avec quelques groupes
cools et des gens qui s'entraidaient. D'un coup il y a eu plus de monde
laux concerts, des jeunes qui dansaient, mais ça n'a pas trop
duré... je pense que la scène ici est prsequemorte, les
jeunes groupes font une espèce de merde à la In the red/hipster/powerpop
trucs, des pochettes moches, des enregistrements pourris, des barbes,
des pédales d'effets, delay, echoes, reverb, fuzz, des paroles
sans agressivité. J'aimerais que le punk revienne a quelque chose
de franc, direct, avec un sens du style et un refrain, oui, je sais,
tuez-moi ce vieux con.
Il
y a quelques années, en allemagne, les groupes francais semblaient
être inconnus au bataillon ?
Peut etre, j'en suis pas sûr. J'ai tourné en Allemagne,
il y a 13 ans avec les Hatepinks, plus tard avec les irritones, et je
n'ai jamais vu de groupes francais jouer. Peut-être que les français
sont juste trop fainéants et pensent que c'est juste cool de
jouer pour leurs amis dans leur ville pourrie.Un dernier mot?
O : Non, on veut juste remercier les labels qui sont assez souples pour
nous laisser sortir que des maxi LP 6 titres. Merci donc à Crapoulet,
à P-Trash à Blood and Dönner... hey on a une tournée
de trois semaine bientôt. Prenez des drogues et tuez-vous !
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!