INTERVIEW CAPYBARA SOCIAL CLUB (mars 2013)


Pouvez vous vous présenter ainsi que vos groupes précedents ?
G: moi c'est Gigi Joli. Je suis jeune. Je joue dans un groupe en stand-by Les Jolis, nous étions des superstars a l'école. Je joue aussi dans un groupe de garage appellé Sunsick, Olivier le déteste.
O: Ha oui. ! Je suis Olivier Gasoil, je chante et j'ai joué dans les Gasolheads, Hatepinks, et les irritones.
R : Rudy, Basse, je fais les enregistrements. J'ai joué dans Aggravation et dans les Irritones.
M : Miguel Zorlha, je joue de la batterie, et j'ai moi aussi joué dans Aggravation and Irritones. 

Comment avez vous commencé a faire des groupes ?
O : Quand j'avais 14ans, des mecs plus vieux m'ont donnés une cassette des Béruriers noirs avec Never mind the bollocks sur l'autre face. Je l'ai écouté et tous les poils de ma peau se sont hérissés. J'ai donc balancé toutes mes cassettes de Kim Wilde, Bryan Adams et A-Ha au vide-ordures. A partir du moment ou j'ai découvert l'alternatif et les groupes comme les Rats, les Cadavres, ou les Sheriff, ça a été le point de non retour. J'ai arrête de jouer au football, je voulais être Johnny Rotten, être cool avec des creepers et porter de fines cravates, donc avec des potes on a formé notre premier groupe, Bleifrei, c'était horrible, mais j'en suis fier. Tout le monde autour était branché sport, ne pensait qu'à aller en boite, à fumer des joints... Nous avons écrit quelques chansons, un peu faibles mais cools comme Occidental Moron ou Hamburger brain... Nous avons passé tout nos week ends, à essayer de jouer Anarchy ou Blitzkrieg bop, Sonic reducer, ou This is not a love song... ça nous a pris deux ans pour sortir du garage de mon père pour finalement jouer dans un infâme concert de death-metal qu'un mec du lycée organisait. J’étais complètement flippé avant de monter sur scène, j'ai vomi, le batteur a perdu ses baguettes 4 ou 5 fois pendant le set, et tout le monde s'en foutait. On a même joué God Save the Queen, en chantant Yes Future à la place de No future à la fin, en pensant que ça avait du sens. On avait 15 ou 16 ans, Nasser le bassiste a formé les Hatepinks, 10 ans plus tard avec moi...
R: Miguel et moi venons des Alpes, On avait des groupes, on essayait de faire du rock français comme les Dogs, Little Bob Story, Bijou, Strychnine et tout ce genre de trucs. Nous avions 13 ou 4 ans, et ça s’appelait les Casses Bonbons. Ouais, pas génial.
G : j'ai vu les Hatepinks en 2004 et j'ai décidé de monter un groupe, les Jolis, une sorte de pub-rock nerveux, influencé par la new-wave et le punk. On a fait deux LPs sur Scanner records

Vous venez de sortir un LP ?
O: Un maxi LP, 6 titres, on a décidé de ne sortir que des maxis. Pour moi c'est le format parfait, je n'ai jamais été intéressé par les singles et la plupart des albums punk, exceptés quelques chefs d’œuvres sont trop longs et ennuyeux. Donc voilà, le plan est de sortir 6 maxis, contenant 6 chansons chacun, tout les 6 mois. La pochette sera toujours sur le même principe : du gros scotch et du gaffer sur des pochettes des Beatles. Le premier sera sur la pochette du White Album, le second sur Sergent Pepper... cette merde a peut être pas trop de sens, mais bon, John Lennon, de la haine et du gros scotch, pourquoi pas ? En même temps, tout le monde s'en branle, hein ? Je suis toujours preneur pour ce genres petits concepts foireux.

Peux tu nous parler des paroles de Homo-pogo ?
O : C'est une chanson au premier degré pour les jeunes qui dansent aux concerts. Living acne and hormonal rage. Dance the pogo like a rat! Ça n'a rien à voir avec les punks homosexuels qui dansent le pogo. Qui serait assez con pour écrire une chanson a propos d'une danse gay ? Quelques crusts un peu stupides dans un squat en Allemagne m'ont demandé de leur expliquer les paroles, ils pensaient que c'était peut-être un truc homophobe.

We are seeling drugs parle de la médiatisation de Marseille en terme de criminalité. Tu as peur dans ta ville ?
G: Tout ce qu'on voit à la télé est vrai, Marseille est un mix parfait entre Kaboul et Yongyang. Ne venez jamais ici.
O : les médias cherchent à conforter les gens dans leur peur et leur ignorance. La peur permet le contrôle. Le gros porc qui est maire de la ville, c'est lui le problème. On veut plus de kalashnikov. Cette ville doit mourir. Je ne ressens pas vraiment de différence entre maintenant et quand j'étais enfant, vivant du côté pauvre de la ville. Certains endroits craignent, c'est sûr, mais les médias et les politiciens jouent leurs rôles en diabolisant une partie de la population. La peur est utile pour les porcs afin de contrôler les masses. Ils ont créés cette légende au sujet de Marseille comme étant une ville du crime et des gangs de la drogue ….
C'est toujours la même schéma : garder le peuple ignorant et divisé, et maintenant, nous en sommes au point ou les deux cotés de la ville se regardent mutuellement avec crainte.

Olivier, tu vivais dans ces shit cans dont tu parles dans une des chansons, est ce que la situation a changé depuis ?
O: je ne vis plus dans les HLM du quartier nord, c'est le côté pauvre de la ville en opposition avec le sud. Marseille est très étrange à cause de çà, il y a une grosses frontière économique. Le nord est pour les immigrés, les noirs, les arabes, les gitans, les africains, les chomeurs... et le côté sud est pour les bourgeois et les classes moyennes. Ils ont les plages, les parcs publics... ça créé une sorte de ghetto. Les quartiers nord sont juste là pour servir de dortoir aux ouvriers. En grossissant le trait, tout le monde y vit dans des vieux immeubles gris des années 70 entourés de centres commerciaux et de zones industrielles.

Vous n'avez pas de Facebook ou de connexions aux réseaux sociaux, peux tu m'expliquer pourquoi ?
O : la musique que nous essayons de faire, ces disques punks et ces concerts, c'est la meilleure chose que nous ferons, c'est pas un boulot, ni une obligation familiale, c'est quelque chose qu'on décide de faire nous même. Pourquoi le pourrir avec des merdes comme Facebook ? Peut être qu'on rate quelques connexions avec des gens en n'utilisant pas ces outils mais on s'en fout. Je déteste ça, ça ne sert a rien. On a toujours le choix. On a un site, un bandcamp et aussi longtemps qu'il n'y a pas de pubs dessus ou que ça n'appartient pas a un gros groupe commercial d'enculés, pourquoi pas ?

Comment est la scène punk à Marseille ?
G: je dirais qu'elle est pas mal, des endroits cools comme la Machine à Coudre, La Salle Gueule ou Le Molotov, des groupes cools comme Calvitie, Departure Kids, Tommy and The Cougars, Keith Richards Overdose...
O : oui c'est pas mal, surtout en matière de Salles. Les groupes actuels manquent un peu de haine je dirais, et le sens du DIY n'est pas quelque chose dont ils aient grand chose a foutre. Pas mal de mes potes sont du genre 'hey je suis un rocker, je fais du rock, j'ai un blouson de cuir, je sniffe de la coke, yeah'. Non ! Ce n'est pas ça, il faut de la discipline, booker ses propres concerts, aider les groupes avec leurs designs, ou les enregistrer … On a une chanson la dessus qui s'appelle Ton cuir noir de merde.

Olivier, tu fais partie des débuts de la scène marseillaise, avec Bleifrei, Gasolheads ou Lollipop records. As tu l'impression, avec d'autres gens, d'avoir créé une scène locale ?
O : Non, ça a juste duré 3 ou 4 ans, avec quelques groupes cools et des gens qui s'entraidaient. D'un coup il y a eu plus de monde laux concerts, des jeunes qui dansaient, mais ça n'a pas trop duré... je pense que la scène ici est prsequemorte, les jeunes groupes font une espèce de merde à la In the red/hipster/powerpop trucs, des pochettes moches, des enregistrements pourris, des barbes, des pédales d'effets, delay, echoes, reverb, fuzz, des paroles sans agressivité. J'aimerais que le punk revienne a quelque chose de franc, direct, avec un sens du style et un refrain, oui, je sais, tuez-moi ce vieux con.

Il y a quelques années, en allemagne, les groupes francais semblaient être inconnus au bataillon ?
Peut etre, j'en suis pas sûr. J'ai tourné en Allemagne, il y a 13 ans avec les Hatepinks, plus tard avec les irritones, et je n'ai jamais vu de groupes francais jouer. Peut-être que les français sont juste trop fainéants et pensent que c'est juste cool de jouer pour leurs amis dans leur ville pourrie.Un dernier mot?
O : Non, on veut juste remercier les labels qui sont assez souples pour nous laisser sortir que des maxi LP 6 titres. Merci donc à Crapoulet, à P-Trash à Blood and Dönner... hey on a une tournée de trois semaine bientôt. Prenez des drogues et tuez-vous !

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